top of page

Le Prix de la citoyenneté 2023

Communiqué de presse

La citoyenneté, de quoi parlons-nous ?

La Citoyenneté est un ensemble de droits et de devoirs individuels par lesquels est instituée une appartenance active à la vie d’une communauté de type politique. Cette Institution a toujours été le fruit de combats, de révoltes, de guerres, de révolutions visant la destitution d’un ordre vu comme injuste. Cependant, le nouvel ordre n’est jamais figé. Perspective toujours fuyante, frontière sans cesse reculée, l’histoire de la Citoyenneté est faite d’avncées et de régressions, de restrictions et d’élargissements. Quelques repères historiques :

 

La naissance de la figure du Citoyen est contemporaine de celle de l’Idée Démocratique. Dans l’Athènes du VI° siècle avant J-C, les hommes endettés perdent leur statut d’hommes libres et retournent à l’état d’esclaves. Appelé pour mettre fin aux conflits qui déchirent la Cité, Solon abolit les dettes et interdit l’esclavage. Il engage une réforme donnant au peuple voix au chapitre dans les affaires de la Cité. Cependant, les femmes, les esclaves et les étrangers n’étaient pas reconnus comme des citoyens.    

 

La Révolution Française abolit la monarchie de droit divin, le régime féodal, les privilèges perpétuant les inégalités de naissance. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen du 26 août 1789 institue une Citoyenneté reposant sur l’égalité de droits des citoyens appartenant à la communauté politique qu’est la Nation proclamée souveraine. Cependant, le droit de vote et d’éligibilité restera longtemps réservé aux hommes de 25 ans acquittant des impôts (suffrage dit censitaire). Et le suffrage dit universel n'inclura les femmes qu’en 1944.

 

En 1948, peu après la Seconde Guerre Mondiale, l’Assemblée Générale des Nations Unies proclame la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Elle proclame que « L'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère (constitue) la plus haute aspiration de l'homme ». Elle appelle les Nations à instaurer un régime de droit respectueux des droits et des libertés fondamentales, de l’égalité des hommes et des femmes, ainsi qu’à favoriser le progrès social par l’enseignement et l’éducation.

En ce premier quart du XXI° siècle, ces rappels sont d’une acuité brûlante. Le droit international des Droits de l'Homme et du Citoyen se trouve ratifié par une large majorité des Etats du monde, une trentaine « seulement » s’y soustrayant. Mais ce constat juridique ne suffit pas. Au sein de nombre d’Etats, fussent-ils respectueux de la lettre du droit international, l’Idée Démocratique recule, le régime de l’Etat de droit est menacé. Des organisations terroristes vident les Etats nationaux de leur substance. Des oligarchies mafieuses misant sur la corruption s’accaparent les richesses de pays entiers.  Des minorités ethniques, religieuses ou de genre font l’objet de discriminations et de ségrégation. Des régressions se produisent au plan de l’égalité des femmes et des hommes. Des régimes autoritaires s’imposent au prix d’un muselage de la liberté d’expression, d’opinion et de création, d’une révision des programmes éducatifs, d’un révisionnisme historique, d’une négation de la diversité des cultures. Les migrations engendrées par la misère, par les dictatures et les guerres, et maintenant par les changements climatiques, relèguent de plus en plus d’individus dans des zones de non-droit. Enfin, même dans des pays où l’Etat de droit est respecté, l’on assiste à une abstention civique inquiétante.

Ces divers phénomènes ne traduisent-ils que des reculs ? On peut aussi considérer que leur mise en visibilité signale l’émergence d’une prise de conscience et d’une sensibilité nouvelle ; que l’interdépendance croissante des sociétés et des individus appelle à élargir le champ de la citoyenneté afin de permettre à chacun de disposer de son propre devenir, de « s’auto-gouverner » ; simultanément, l’exigence d’un développement soutenable des sociétés et de la planète conduira nécessairement à inventer de nouvelles formes de responsabilité citoyenne et de délibération démocratique.

Le Prix de la Citoyenneté met l’accent sur des films originaux qui rendent visibles ces phénomènes et suscitent la réflexion, le débat et l’argumentation. Il prime une réalisation cinématographique forte des aspirations, des combats et des révoltes qui se mènent dans le monde et ont pour visée éthique de promouvoir « Une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes » - selon l’expression du philosophe Paul Ricoeur.

bottom of page